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Editorial


Par Raphaël Boroumand

Dans un contexte de double urgence géopolitique (guerre en Ukraine) et climatique, il est primordial d’accélérer la transition énergétique pour décarboner l’économie mondiale. Le climat est un enjeu mondial. Depuis des décennies, trois quarts de l’énergie consommée dans le monde est d’origine fossile (charbon, pétrole, gaz). 


Cette inertie du système énergétique mondiale illustre l’ampleur du défi à relever. Pour limiter à +1.5°C le réchauffement climatique de la planète, il nous reste environ 15% du budget carbone, ce qui correspond à environ 10 ans d’émissions de dioxyde de carbone. A ce jour, la hausse moyenne de la température mondiale est déjà de +1.1°C. Si les émissions de carbone et autres gaz à effet de serre ne sont pas très fortement réduits, la trajectoire de réchauffement sera d’au moins +3°C, ce qui génère des dommages climatiques plus fréquents, plus intenses, et plus longs. Ces dommages climatiques n’épargnent aucune région du monde y compris les pays les plus vulnérables et les moins responsables en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Même si les COP sont nécessaires, il faut davantage d’anticipation et de coopération dans les politiques climatiques en engageant les entreprises, les institutions financières, les ONG, et bien sûr les citoyens.

Réussir la transition énergétique consiste à remplacer progressivement les hydrocarbures (en commençant par le charbon qui est l’énergie fossile émettant le plus de dioxyde de carbone) par des énergies décarbonées. Pour y parvenir, il faut développer la tarification du carbone afin de donner un coût économique aux dommages climatiques selon le principe connu du « pollueur-payeur ». La tarification du carbone contribuera à allouer les investissements en accord avec les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat, traité international sur le réchauffement climatique adopté par 195 pays en 2015. Pour y parvenir, il faut mettre en place des politiques publiques et des stratégies d’investissements qui intègrent l’enjeu climatique. Il est nécessaire d’accélérer et d’engager une modification profonde des modes de production et de consommation. Le secteur de l’énergie, du transport, et le secteur agricole ont entamé cette transition.


Différents leviers financiers, technologiques, et comportementaux existent car la transition est l’affaire de toutes et tous. Dans cette course contre la montre, l’Europe peut (et doit) jouer un rôle moteur pour atteindre la neutralité carbone, c’est-à-dire l’équilibre entre les émissions de carbone et l'absorption du carbone de l'atmosphère par les puits de carbone. Les universités, les écoles de commerce et d’ingénieurs peuvent jouer un rôle en formant leurs étudiants sur les enjeux et les solutions à mettre en œuvre.


La formation des étudiants est essentielle pour décarboner l'économie. Les étudiants sont réceptifs aux concepts et aux études de cas qui décryptent les enjeux climatiques et les stratégies à mettre en œuvre par les gouvernements et les entreprises. Il est primordial, au-delà du constat, de présenter aux étudiants les solutions à la crise climatique avec une pédagogie constructive pour ne pas générer « d’éco-anxiété ». 


Dr. Raphaël Boroumand

HDR Professeur d'économie, Paris School of Business 

Que signifie « manager » à l’heure des limites planétaires ?

Le consensus scientifique du GIEC* est sans appel : les activités humaines sont à l’origine de déséquilibres majeurs du système Terre. C’est pourquoi il est primordial de prendre notre part de responsabilité en tant qu’établissement d’enseignement supérieur afin de contribuer à ce grand défi que représente la transformation de nos modes de production et de consommation. En effet, mener la transition vers une économie et une société décarbonée, sobre et résiliente implique de mobiliser tous les secteurs de la société. Tous les étudiants doivent donc être formés aux enjeux énergie-climat. Ces enjeux doivent concerner tous les étudiants et toutes les disciplines, et notamment les secteurs du commerce qui définissent ces modes de production et de consommation.

Pour ce faire, il est important de faire monter en connaissances nos parties prenantes. Il est crucial de s’appesantir à la fois sur les contraintes physiques : effondrement de la biodiversité, approvisionnement énergétique, épuisement des ressources et sur les leviers institutionnels, techniques et humains tels que les modèles organisationnels et de gouvernance, la psychologie et sociologie du changement et le système économique et financier.

Ces connaissances nécessaires vont de pair avec une montée en compétences-clés telles que :

  • L’adoption d’une approche systémique, interdisciplinaire et éthique
  • Le développement d’un esprit critique pour envisager des futurs souhaitables
  • La transformation des organisations
  • L’action individuelle et collective de manière responsable

Afin d’assurer cette transmission les enseignants doivent dans un premier temps se former pour former. La connaissance des limites planétaires et leurs conséquences pour la société et l’économie doivent être à la base de cette formation. Celle-ci permettra de faire évoluer le contenu pédagogique des cours (cela peut aller d’une illustration, d’un exemple, d’un cas d’étude ou d’une refonte totale du cours s'il se prête à une intégration majeure des enjeux écologiques). Ces enjeux peuvent également par la suite être intégrés aux différents programmes de Recherche.


De plus, la posture adoptée, qui est une posture de sachant, peut se transformer en posture d’animateur afin de rendre les étudiants acteurs de leur apprentissage. Nous pouvons penser à la mise en place de Hackathons thématiques, de Social Innovation Game, de l’animation de la Fresque du Climat ou encore d’ateliers immersifs tels que 2Tonnes, etc.


À cela s’ajoute l’espace de vie étudiante : le campus. Il peut être utilisé comme laboratoire dans la mise en œuvre de la transition : proposer des projets étudiants et exercices d’application permettant d’améliorer le campus et son environnement sous un angle écologique (bilan carbone du campus, déploiement de la sobriété numérique, végétalisation etc.).

L’enjeu majeur est le suivant : faire un lien pertinent entre l’enseignement et des métiers qui devront s’adapter aux conséquences du franchissement des limites du système Terre, et si possible contribuer à réduire les impacts de l’activité humaine sur celui-ci.


Pour conclure, il faut noter que de nombreux enseignants jouent un rôle majeur dans la transformation des enseignements. Ils peuvent agir au niveau de leur établissement, de leurs cours et de leurs recherches pour une meilleure intégration des enjeux écologiques aux formations, indépendamment de l’engagement de leur établissement.

Leurs leviers d’action sont multiples.


*GIEC : Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est un organisme intergouvernemental chargé d'évaluer l'ampleur, les causes et les conséquences du changement climatique en cours.


Salomé PICARD, 

Professeure Associée - Responsable de la RSE, Paris School of Business


Références et ressources :

Ademe. « Base Carbone : Présentation ». Bilan GES.

ADEME. « Evaluation environnementale des équipements et infrastructures numériques en France », janvier 2022.

« Ambitions Transitions : Forum inter-écoles des métiers engagés ». 

Bianchi, Pisiotis, et Cabrera Giraldez. « GreenComp - The European sustainability competence framework ». Joint Research Center - European Union, 2022.FORMER LES ACTEURS DE L’ÉCONOMIE DE DEMAIN – The Shift Project – Novembre 2022

Rapport du GIEC 2023 


L'évolution des personal skills chez les étudiants

Lors d’une presentation de l’ETS* qui a eu lieu à la conférence annuelle d’AACSB d’Avril 2023 réunissant plus de 1400 professionnels de business schools, le verdict est tombé : « American college students typically are earning much higher grades than those of a half century or so ago, but doing about one-third less work. Doing less for more —but at a far higher cost ». Bref, moins de travail académique réalisé par les étudiants américains qui obtiennent de bien meilleures notes… Serait-ce le résultat d’une plus grande qualité ? Difficile à dire, certains en doutent. Mais peu de personnes doutent du coût déjà présent pour la société. 


La dernière étude du McKinsey Health Institute donne certains éléments de contexte au sujet de la génération Z, en particulier des étudiants :

  • Ayant une santé mentale fragile (Covid-19).
  • Une éthique professionnelle hésitante.
  • Une capacité à se concentrer déclinante.
  • Et une difficulté à communiquer (texting is not talking).
Sans oublier la résurgence de clichés ‘masculinistes’ chez les jeunes hommes, selon le HCE.

La difficulté à communiquer des étudiants est accrue par l’influence des réseaux sociaux et s’est accélérée depuis la généralisation du distanciel et du télétravail. Elle se traduit par :
  • un engagement relatif (next mentality ; self-ie culture).
  • l’incapacité à gérer les situations gênantes ou conflictuelles.
  • le faible sentiment de responsabilité vis-à-vis de quelqu’un (ghosting).
  • des relations superficielles de manière générale (friendly vs. friend culture).

Ces difficultés dans les relations interpersonnelles concernent autant la sphère personnelle que professionnelle. D’où un danger pour l’insertion professionnelle à venir de ces étudiants.

Au-delà des enjeux environnementaux réels, l’enjeu principal pour les business schools demeure un enjeu social et, par conséquent, pédagogique. Si le corps professoral ne peut répondre à toutes les exigences (Instructors becoming therapists ; ‘Adulting’ is now a course), la pédagogie doit porter sur les éléments des
softs skills qui font de l’attitude des apprenants (au travers des social and emotional skills) un atout dorénavant décisif sur le marché de l’emploi : la technique s’apprend ou s’emploie car maîtrisée par l’IA.

De plus en plus de recruteurs deviennent sceptiques, voire agnostiques, eu égard au prestige de certaines écoles et au niveau de certains diplômes. A la suite des derniers Global Talent Trends Reports de
ACCA, LinkedIn, Mercer ou RandStadt, les potentiels employeurs se focalisent sur la bonne attitude de leurs futures recrues pour s’adapter à un marché toujours en évolution et, ce faisant, à une description de poste toujours changeante. 


Or, basé sur 15 années d’études, l’ETS a identifié 14 dimensions parmi les personal skills (PSQ) à développer autour de 5 grandes qualités à favoriser :    

Même non exhaustives, ces dimensions permettent de penser les défis pédagogiques présents et aident à explorer de nouvelles pistes d’innovation. Ils ouvrent de nouvelles perspectives et en confirment d’autres. Dans son agenda 2030 pour l’éducation, l’OCDE comme le World Economic Forum ne disent pas différemment : « Address the needs of students… By reducing cost and in-person requirements; while increasing the relevancy of today’s curriculum to include a focus on preparing students for a tech-driven, skills-based economy ».

*L’ETS, Educational Testing Service, est le fournisseur officiel des tests TOEIC, TOEFL, GRE que passent chaque année plusieurs centaines de milliers d’étudiants à travers le monde.


Patrice CAILLEBA

HDR Professeur de management, responsable des accréditations, Paris School of Business


Sources :

ETS, The ETS PSQ Tool 

Forbes (2022), Why Soft Skills Are More In Demand Than Ever, by Caroline Castrillon, 18 Septembre, doc URL téléchargé le 15 mai 

HCE (2023) Haut Conseil à l’Égalité, Rapport 2023 sur l’état du sexisme en France : le sexisme perdure et ses manifestations les plus violentes s’aggravent, 23 Janvier, doc URL téléchargé le 15 mai 

McKinsey (2021), Building workforce skills at scale to thrive during—and after—the COVID-19 crisis, Survey, 30 Avril, doc URL téléchargé le 15 mai 

McKinsey Health Institute (2023), Gen Z mental health: The impact of tech and social media, Avril 28 

Taglang M.T. (2023), A Hard Shift to Soft Skills, ETS, Conférence annuelle ICAM (AACSB), Avril.PC, le 15/5/23.


PERSPECTIVES

Retour sur les formations de la CIP 2022-2023 

 "Les Jeu-dis oui à l'innovation"

Le débat, pour changer du pour et du contre - 23 février 2023 

Animé par Nora Sanchez


Cette formation a permis aux participants de découvrir les différentes facettes du débat et les méthodes pour les animer de manière efficace. Divers types de débats ont été présentés, ainsi que leur intérêt en tant qu'activité pédagogique à part entière. Le débat consiste en une interaction verbale entre les étudiants, établie par l'enseignant, qui assure à la fois une distribution démocratique de la parole et des exigences intellectuelles élevées. 

Les objectifs intellectuels du débat comprennent la capacité à prendre une position informée, à dépasser les idées préconçues, à réfléchir de manière critique et à établir des liens logiques entre les idées. 

La formation a également abordé les différents types de débats, tels que le débat parlementaire, la méthode de l'aquarium, le débat réglé, le questionnement mutuel, le dilemme moral, la méthode de clarification des valeurs et le débat mouvant. 

Cette formation a permis aux participants d'acquérir des connaissances sur le débat en tant qu'activité pédagogique stimulante ainsi que des techniques pour les animer.



Le World Café - 25 mai 2023

Animé par Nora Sanchez 


Une nouvelle approche d'animation de groupe. 

Le World Café est une technique engageante qui facilite les discussions significatives et créatives sur des sujets importants. Inspiré des cafés traditionnels, il encourage les échanges constructifs et la co-création des connaissances. L'objectif de cette formation était d'aider les enseignants à animer leurs cours de manière plus interactive et d'impliquer activement tous les étudiants. 

La formation a non seulement présenté les rôles successifs de l'enseignant pendant l'activité, mais aussi les bonnes pratiques telles que la préparation préalable, l'organisation de l'espace, la durée des sessions, les règles de communication, la rotation des participants, la facilitation active, la synthèse et le partage des idées, ainsi que la réflexion et l'évaluation de l'activité. 


Les participants ont acquis des compétences pratiques pour mettre en œuvre le World Café dans leurs propres classes, ce qui les a motivés à explorer de nouvelles approches pédagogiques.


Formation à l’évaluation open book et agents conversationnels

Comment concevoir une évaluation efficace ? - 13 avril 2023

Animée par Nora Sanchez


Cette formation a permis de discuter des enjeux de l’évaluation et l’utilisation des agents conversationnels. Les participants ont particulièrement apprécié d'apprendre de nouvelles méthodes d'évaluation et de découvrir comment les agents conversationnels peuvent être intégrés dans ce processus. Ils ont également exprimé des préoccupations quant à la perte de contrôle qui peut résulter de l'utilisation de ces technologies. 

L’évaluation open book peut répondre à ces craintes. La formation a débuté par une présentation des objectifs et des bases de l'évaluation open book. Les étudiants sont autorisés à utiliser des ressources supplémentaires telles que des notes et des livres pendant les examens, ce qui encourage l'analyse et l'application de l'information plutôt que la simple mémorisation. 

Cette formation a permis aux participants de prendre conscience des avantages et des limites de l'évaluation open book et de découvrir comment les agents conversationnels peuvent être utilisés dans ce contexte. 



Formation à la classe renversée 

 Parce que la meilleure manière d'apprendre c'est enseigner !  - 8 juin 2023

Animée par Nora Sanchez


Lors de cette formation, les participants ont exprimé leur satisfaction quant à la découverte de nouvelles méthodes d'enseignement, en particulier celles qui encouragent la participation, l'engagement, la responsabilisation et la motivation des étudiants. Au cours de la formation, les objectifs étaient multiples. 

Dans un premier temps, les participants ont pu comprendre les principes fondamentaux de la classe renversée, qui place les étudiants au centre de leur apprentissage et transforme le rôle de l'enseignant. Ensuite, ils ont eu l'occasion de découvrir les différentes stratégies et outils utilisés dans la classe renversée. Des retours d'expérience ont été présentés pour illustrer les avantages et les impacts de cette approche sur l'expérience d'apprentissage des étudiants.

Le retour d'expérience de Nora Sanchez, lauréate du prix de l'innovation pédagogique en 2017 avec cette méthode, a été apprécié.

SAVE THE DATE

Journée de l'Innovation Pédagogique 

En partenariat avec l’Uplegess et la CGE

Le 6 juillet de 9h à 17h

PSB - 59, rue Nationale 75013 Paris

Thème: innover pour mieux enseigner 

Stratégies pédagogiques pour recentrer l'attention et engager les étudiants dans l'enseignement supérieur 

La transformation des pratiques pédagogiques est l’un des défis à relever pour tous les acteurs de l’enseignement supérieur dans le but de maintenir l’attention et l’engagement des étudiants. Le constat est sans appel : la révolution numérique a redéfini de nouveaux rapports au savoir et à la formation, transformant les attentes et les besoins des étudiants. Mais l’utilisation des outils digitaux en cours par les étudiants n’est pas toujours en cohérence avec leurs attentes. 


Aujourd’hui, l’enjeu majeur est d’adopter des pratiques pédagogiques actives et d’explorer les innovations qui intègrent ou non les outils digitaux pour recentrer l’attention et engager davantage les étudiants.


Cette journée vise à présenter des méthodes pédagogiques innovantes, ainsi que des outils digitaux pour une utilisation pédagogique engageante. Il s’agit de comprendre les enjeux de l’innovation pour stimuler notre créativité et réinventer nos cours. La journée donnera également l’occasion d’échanger sur les bonnes pratiques grâce à des retours d'expérience d’enseignants-chercheurs.

PROGRAMME


9H00 

 Accueil 


9H30

Présentation de la journée 


 De 10H00 à 11H00 et de 11H15 à 12H15

Ateliers


Gamification : Le Data Challenge

Par Olivier MAMAVI


La Pensée créative

Par Anne-Sophie LOISON


Outils digitaux et autonomie 

Par Charles PEREZ


12H15 

Pause-déjeuner


De 13h30 à 14h30 et de 14h45 à 15h45

Ateliers 


Design Thinking 

Par Sylvain VACARESSE


La classe autonome 

Par Juline ANQUETIN


Le podcast un levier pour 

l’apprentissage expérientiel

 Par Raphaël ZAFFRAN 


16h00 

Conférence 

 ”L’intérêt pédagogique des outils digitaux dans 

la motivation et l’engagement des étudiants”

Par  André TRICOT


Inscriptions ici 



Le référentiel de compétences DD&RS de la CDEFM

(Conférence des Directeurs des Ecoles Françaises de Management)

Téléchargez ici le référentiel édition juin 2023